Retour accueil Les exemples présentés sous les rubriques "difficiles à classer" et "atypiques" montrent assez bien qu'une classification des bifaces ne peut être basée simplement et exclusivement sur la morphologie; compte-tenu de la diversité et de la complexité de ces outils, il faut intégrer d'autres critères comme: - la connaissance des techniques de taille - la perception de chaîne opératoire et de ses séquences - la compréhension des parties actives du biface et de sa ou ses finalités supposées - le contexte du site de découverte - la comparaison avec d'autres outils du même faciès culturel.... D'autres faits compliquent un peu plus la tâche: - les auteurs de ces outils avaient assurément une maîtrise de la taille, mais probablement pas tous; des enfants ou des débutants ne se sont-ils pas exercés? - ils savaient tirer partie des ressources en matière première mais parfois avec des choix plus ou moins judicieux: une fissure non détectée, une géode de calcédoine pouvaient fort bien perturber le travail.... - Nul doute qu'ils étaient pragmatiques et surtout opportunistes quant aux mutiples usages au quotidien et il n'est pas aisé de comprendre comment le tailleur a pu se servir effectivement de son outil polyvalent, au cours d'une utilisation, brève ou prolongée. - par ailleurs, un autre individu ne l'a t-il pas trouvé sur un ancien campement et repris à son tour.....? D'où des gestes de taille différents aux résultats déroutants? Ces témoins matériels nous laissent donc interrogatifs et rien n'est aussi évident qu'il y parait. Une classification a beau essayer de prévoir tous les cas qu'il est possible de rencontrer dans la panoplie de l'homme préhistorique , elle a ses limites et elle ne saurait être parfaite et conforme à la Vérité. En effet, même si la plupart des bifaces peuvent correspondre à un type défini et à une morphologie courante "les bifaces "classiques" , d'autres types de bifaces subsistent, en assez grand nombre; ils sont regroupés dans une catégorie "autres bifaces" qui, certes, complète la liste, mais dont l'ampleur tend à prouver qu'elle n'est pas exhaustive; cette liste ne reflète pas non plus les différents aspects rencontrés avec des bifaces outils multiples, difficilement identifiables d'emblée, et pour lesquels l'attribution à un type donné devient inappropriée car trop réductrice. Ces bifaces sont cependant mieux perçus aujourd'hui que par le passé et des chercheurs comme Eric Boëda proposent désormais la notion d' "unités techno-fonctionnelles" pour décrire les bifaces et leurs diverses zones de taille et de retouches ainsi que de préhension et d'utilisations. Sous cette nouvelle perception se trouve assurément l'une des clés de lecture et de compréhension de ces objets complexes. Il est également de plus en plus souvent employé le terme de "bifaces supports d'outils", par opposition à l'outil biface (ou vrai biface). Ce dernier aurait tendance à garder sa forme d'origine (cas de nombreux bifaces acheuléens, taillés notamment dans la masse d'un galet ou d'un rognon), contrairement à ceux, plutôt taillés sur éclat, qui seraient utilisés de manières diverses et prolongées et auraient subi des modifications successives de leur forme (cas des bifaces moustériens par exemple). La classification des bifaces lorsqu'ils sont multi-fonctions devient donc très compliquée quant au choix des critères à retenir (forme d'origine, forme finale, fonction dominante....).
LES DIFFICULTES DE LA CLASSIFICATION